L'histoire des Serbes débute sous l'Empire romain lorsque le peuple serbe est mentionné pour la première fois par des chroniqueurs romains. Aujourd'hui, les Serbes vivent principalement en Serbie, au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et dans une moindre mesure en Croatie. Il existe également d'importantes minorités serbes en Macédoine et en Slovénie. Par ailleurs, une diaspora serbe s'est fixée en Allemagne, en Suisse, en Autriche, aux États-Unis et au Canada.
Origines
Il existe différentes théories sur l'origine du
peuple serbe. Ces dernières peuvent se classer en deux catégories : les théories slaves et les théories non slaves. Parmi les théories non slaves, la plus répandue est la théorie iranienne qui s'appuie sur l'existence d'une tribu formée de
Serboïs qui fut localisée en
Ciscaucasie parmi les
Peuples iraniens.
Durant les siècles précédant J-C, les Celtes se répandirent le long du Danube. Les Scordisques, une des principales tribus celtes, établirent leur capitale à Singidunum aujourd'hui connu sous le nom de Belgrade.
La contribution romaine au peuplement des Balkans occidentaux doit également être prise en compte. Dans ses travaux, Edward Gibbon estime à un million le nombre de légionnaires présents dans les Balkans durant la période romaine. Il s'est ainsi opéré une latinisation à grande échelle des terres illyriennes durant les premiers siècles du premier millénaire.
Premières références
Article détaillé : .
La désignation Serbe apparaît pour la première fois au Ier siècle dans les travaux de Tacite et Pline l'Ancien, puis au IIe siècle dans La Géographie de Ptolémée (livre 5, 9.21). Les serbes désignent un groupement de tribus établi en Sarmatie, probablement sur le cours de la Volga. Toujours dans La Géographie, Ptolémée décrit la ville de Serbinum située aujourd'hui en République serbe de Bosnie.
Le premier document historique à avoir identifié les proto-Serbes comme un peuple slave émane de Procope de Césarée qui décrivit les peuples Spali ou Spori. Selon une théorie controversée, les Sporis seraient liés aux Sorbes d'Allemagne et aux Serbes des Balkans. Dans son manuscrit, le Géographe bavarois écrivit que le royaume des Zeruianis (Serbes) était si vaste que tous les peuples slaves en découlaient. Les serbes sont à nouveau mentionnés en 680 dans un document décrivant la ville de Gordoservon en Asie mineure où des tribus serbes se sont installées. Le nom Gordoservon est en fait une distorsion de Grad Srba signifiant Ville des Serbes en Serbe.
L'expression serbes réapparaît au Xe siècle dans l'ouvrage De Administrando Imperio (32.1-16) et le recueil Theophanes Continuatus (288.17-20) de l'empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète.
Au XIe siècle, le général byzantin Kekaumenos localisa les Serbes sur la Save, comme le fit préalablement La Chronique de Nestor, bien que cette dernière source ne soit pas considérée comme particulièrement fiable.
La Serbie blanche, également connue sous le nom de Bojka ( en Serbe Cyrillique : Бојка), est l'ancien nom de la Lusace, endroit où les Serbes se sont installés pour la première fois en Europe centrale. C'est une région d'Allemagne orientale, au sud-est de Berlin entre les fleuves de l'Elbe et de la Saale. Ses habitants sont appelés les Serbes. Aujourd'hui on dénomme la région la Lusace, et elle est habitée par les Serbes Sorabes ou de Lusace. La région à l'est de Serbie blanche est connu comme étant la Croatie blanche, aujourd'hui plus à l'est on trouve la Biélorussie littéralement Russie Blanche.
Entre 610 et 641, une partie des Serbes a émigré dans l'Empire byzantin, mené par Le prince de Serbie Blanche pour aider Constantinople dans sa lutte contre les Avars. En récompense de leurs victoires contre les Avars de Dalmatie, les Serbes ont été installés dans un premier temps par l'empereur Héraclius dans la province de Macédoine byzantine, à Thessalonique.
Les Serbes étaient en fait considérés comme des Fédérés de l'Empire romain d'orient. Il dévait obéissant à l'empereur de Constantinople.
Plus tard, les Serbes se sont aussi installés en :
Les Serbes de Serbie blanche sont appelés de nos jours les Sorabes. Ils ont réussi à conserver leur langue et leurs traditions culturelles bien que leur minorité ne cesse de se réduire.
Dans son De Administrando Imperio, Constantin VII indique que le territoire serbe était majoritairement gouverné par la dynastie des Vlastimirović qui parvint sous Časlav Klonimirović à unifier les terres en une confédération au début du Xe siècle. La première référence historique quant à l'existence d'un État des serbes date du IXe siècle et est le fait de l'empereur byzantin Léon VI le Sage qui, dans ses listes épiscopales, mentionna les évêques de Drougoubiteia et des serbes (Serbie). En 993, des ambassadeurs des serbes arrivèrent à la cour de l'empereur Basile II.
Au XIe siècle il existait probablement un thème de Serbie : un sceau retrouvé de Constantin Diogenes, strategos de Serbie, tend à le prouver. Vers 1040, Theophilos Erotikos était le gouverneur des serbes jusqu'au moment où il fut expulsé par Stefan Voislav qui conquit le territoire serbe et devint son Archon. Le professeur T. Wasilewski (1964) fit l'hypothèse que le thème des serbe pourrait être le même que celui de Sirmium tandis que le professeur D. Radojcic (1966) avança que ce pourrait être celui de Raska, qui fut brièvement administré par l'Empire byzantin.
Moyen Âge
Article détaillé : .Les Serbes furent christianisés en plusieurs vagues entre les VIIe et IXe siècle, la dernière vague prenant place entre 867 et 874. Pendant et après cette période, les Serbes luttèrent face à l'Empire byzantin afin d'obtenir leur indépendance. Les premiers États serbes étaient Raška et Zeta. Les souverains bénéficiaient d'une certaine autonomie jusqu'à ce que, durant une révolte anti-byzantine en 1086, l'indépendance soit proclamée unilatéralement. Sous Saint Sava, qui fonda le Patriarcat de Serbie, et son frère Stefan Ier Nemanjić, qui devint le premier véritable souverain serbe de la dynastie des Nemanjić, l'église se soustraya à l'influence religieuse byzantine et acquit son indépendance. La Serbie n'existait pas encore en tant qu'État mais était plutôt la région habitée par les Serbes : leurs rois et tsars étaient nommés "Roi des Serbes" ou "Tsar des Serbes" et non "Roi de Serbie" ou "Tsar de Serbie".
La Serbie atteignit son âge d'or sous la dynastie Nemanjić ; l'État étant à l'apogée de sa puissance sous le règne de Stefan Uroš IV Dušan lorsque l'Empire serbe dominait les Balkans. La puissance de la Serbie décrut progressivement au fil du conflit interminable opposant la noblesse, rendant le pays incapable de se défendre après l'invasion ottomane de l'Europe du sud-est. La bataille de Kosovo Polje en 1389 est considérée dans la mythologie nationale serbe comme l'événement clef de le défaite face aux Turcs, bien que la domination ottomane ne fut complète que plus tard. Après la chute de la Serbie, les rois de Bosnie utilisèrent le titre de "Roi des Serbes" jusqu'à ce que la Bosnie soit-elle même conquise.
Occupation ottomane
Article détaillé : .En tant que chrétiens, les Serbes avaient le statut de Dhimmi, mais dans les faits étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, souvent maltraités. Ils étaient sujets à une énorme pression du pouvoir ottoman qui se donnait pour mission de les islamiser ; certains se convertirent, d'autres émigrèrent au nord et à l'ouest, cherchant refuge en Autriche-Hongrie.
Au début du XIXe siècle, la Première révolte serbe parvint à libérer des milliers de Serbes durant un temps limité. La Seconde révolte serbe fut un véritable succès et signa l'acte de naissance du royaume de Serbie.
XXe siècle
Au commencement du
XXe siècle, de nombreux Serbes vivaient sous autorité étrangère : les Ottomans au sud, les Austro-hongrois au nord et à l'ouest. Les Serbes du sud furent libérés lors de la Première guerre balkanique en
1912, tandis que la question de l'indépendance des Serbes du nord servit d'étincelle au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Un
nationaliste serbe,
Gavrilo Princip, assassina l'archiduc François-Ferdinand à
Sarajevo déclenchant ainsi une chaîne de déclarations de guerre qui aboutit au conflit mondial. Durant la guerre, l'
Armée serbe combattit avec courage mais dû battre en retraite à travers l'Albanie pour se réorganiser en
Grèce où elle lança une contre-offensive à travers la
Macédoine. Bien que la Serbie soit dans le camp des vainqueurs, la guerre dévasta le pays et fit périr un grand nombre d'hommes, nombre que les historiens estiment à plus de la moitié de la population mâle.
Après la guerre émergea le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, ce qui permit enfin à une majorité de Serbes de ne vivre que dans un seul État. Le royaume avait pour capitale Belgrade et était dirigé par un roi serbe. Cependant le nouvel État était instable et sujet à de nombreuses tensions ethniques.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les forces de l'Axe occupèrent et démembrèrent la Yougoslavie. La Serbie était occupée par les Allemands tandis que la Bosnie était placée sous autorité italienne et les Serbes de l'État indépendant de Croatie sous administration fasciste oustachie. Après la guerre, la République fédérale socialiste de Yougoslavie prit forme avec pour capitale Belgrade, la Serbie en étant l'entité dominante. Cependant le régime communiste de Tito affaiblit la puissance de la Serbie en créant deux provinces autonomes : le Kosovo et la Voïvodine
La Yougoslavie communiste s'effondra au début des Années 1990, quatre des six républiques la formant devenant indépendantes. Les guerres de Yougoslavie succédèrent à cette période de troubles où les communautés serbes de Croatie et de Bosnie luttèrent contre le démembrement de l'État yougoslave. La Guerre du Kosovo éclata après plusieurs années de tensions entre serbes et groupes nationalistes kosovars. Durant l'Opération Tempête de 1995, près de 200 000 réfugiés serbes quittèrent la Croatie et 200 000 autres le Kosovo et s'installèrent principalement en Serbie centrale et en Voïvodine.
Références